Cap 2010
Les différents rapports sur l'avenir pour la viticulture française
il y a 23 ans3 min de lecture
Quel visage aura la viticulture français en 2010 ? C'est à cette question que Jacques Berthomeau et les 6 vignerons et négociants qui l'ont accompagné dans la rédaction du rapport "Cap 2010" ont tenté de répondre. Après la publication de leurs conclusions et de plusieurs autres rapports sur l'avenir de la viticulture française, 5 professionnels de la filière vin française représentatifs de différentes activités (production, interprofession, coopération, commerce, sommelerie) expriment ce qui est selon eux le point le plus intéressant et le point le plus délicat ou le plus inquiétant du rapport Cap 2010.
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Tout le vignoble ne parle plus que de ça. Depuis les premiers jours des vendanges, réunions, rencontres, articles, débats… se sont multipliés à propos de l'avenir de la viticulture française et notamment à propos des différents rapports rédigés à ce sujet.
Berthomeau d'abord qui après l'état des lieux présenté en 2001, au lendemain de Vinexpo, a pris le temps de réfléchir avec 6 professionnels du vin pour présenter un rapport baptisé “Cap 2010, le défi des vins français”.
Un rapport dont nombre de conclusions rejoignent celles du rapport rédigé au même moment par les sénateurs Gérard Delfau et Gérard César. Le Comité National des Interprofessions Viticoles s'est aussi livré à cet exercice de réflexion et de prospective en publiant son rapport “Ambition 2010”.
Il y propose “10 chantiers de réforme” spécifiques aux AOC qu'il souhaite renforcer notamment par un suivi qualitatif plus strict. Une centaine de vignerons, regroupés de façon informelle sous la bannière “Vignerons dans nos appellations” se sont également exprimés pour dénoncer le système actuel des AOC qu'ils regardent comme des “Appellations Majoritairement Contrôlées” et pour refuser le concept de “typicité” qu'ils voient comme un outil agro-industriel de standardisation des vins au sein d'une filière intégrée.
Ils dénoncent un nivellement par le bas. L'INRA enfin a ajouté sa contribution au débat par le biais de son département d'Economie et de Sociologie Rurales qui s'est interrogé sur l'avenir du modèle des AOC dans un contexte de concurrence internationale. Les économistes craignent une "intégration" de la filière qui conduirait les viticulteurs à devenir de simples fournisseurs de raisin et plaident pour la mise en place de véritables partenariats entre négoce et production.
Jacques Berthomeau et les six vignerons et négociants qui l'ont accompagné dans la rédaction de Cap 2010 ne disent pas le contraire. Pour sortir d'une crise qu'ils voient poindre, ils formulent quelques propositions principales :
- une nouvelle segmentation du marché entre les Vins Produits dans une Région Déterminée et faisant expressément référence à une origine géographique, catégorie dans laquelle les AOC seraient naturellement préservées ; et une nouvelle catégorie de Vins de cépage des pays de France, espace de compétitivité produisant des vins agro-industriels valorisés par des marques. Cette segmentation s'accompagnerait d'une identification parcellaire gérée par les interprofessions qui deviendraient les gestionnaires de la production viticole dans chaque grand bassin de production.
- une nouvelle approche des relations entre producteurs et entreprises de commercialisation, qui favoriserait la contractualisation et réserverait les subventions publiques aux seules entreprises qui développeraient de tels partenariats.
- la création d'un Fonds d'investissement et de développement de fiscalisé permettant d'apporter à la viticulture de nouveaux capitaux issus de l'épargne.
- un rapprochement des AOC et des autres catégories de vins au sein des interprofessions mais aussi au sein d'un "guichet unique" regroupant l'Inao et l'Onivins.
En interrogeant 5 professionnels de la filière vin représentatifs de d'activités différentes (production, interprofession, coopération, commerce, sommelerie), en demandant à chacun quel était selon lui le point le plus intéressant et le point le plus délicat ou le plus inquiétant du rapport Cap 2010, nous avons souhaité participer à ce débat.